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QUAND LA PRESSE S'EMBALLE

Lors de la sortie des films : Amen de Costa Gravas en 2002, La religieuse de Rivette en 1967, La dernière Tentation du Christ de Scorsese en 1954 et Grâce à Dieu de François Ozon en 2018. Pour mieux comprendre la polémique de chacun de ces films, il est important de voir le positionnement de la presse lors de la sortie de ces oeuvres. 


 

AMEN


 

Amen de Costa Gravas, racontant la passivité du Vatican face à la déportation des juifs lors de la seconde guerre mondiale a suscité grand nombre de réaction tant par son scénario que par son affiche entremêlant croix chrétienne avec une croix gammée. Si on se penche sur les journaux de droite et religieux tels que La croix et le Figaro, de nombreux témoignage de personne offensés nous sont présentés. « Étienne Charmet, du Pas-de Calais, a ressenti cette affiche comme une insulte à la mémoire de son oncle, prêtre, mort en déportation » p.1, La Croix 25/03/2002. Quant au Figaro, son gros titre « Le scandale de l’affiche qui amalgame Eglise et nazisme » du numéro sorti le 15 Février 2002, indique directement leur point de vue. L’affiche est offensante. La dénonçant comme une attaque à l’identité Française. La Croix, elle, présente des avis plus ou moins contrasté comme le témoignage du F.R.L. Moreau, dominicain du Rhône, estime que c’est une bonne chose de ne pas porter plainte contre l’affiche. Il précise qu’il faut remettre l’Église à cette période pour mieux comprendre le sens de l’affiche. Il dit « Je me rappelle la médiocrité politique de l’Eglise à cet époque, où « l’héroîsme » dans le scoutisme, c’était de prêter serment au maréchal Pétain. »p.1 La Croix.

 

Ensuite si on se tourne du côté des journaux de gauche tels que L’Humanité et Libération, on constate que leur titre « Amen »: suspense. Le verdict sur l’affiche du film de Costa-Gravas reporté à demain. » Libération publié le 20 Février 2002 et « Amen, le nouvel opus de Costa-Gravas, plonge ses racines en période nazie. Ici le feu la glace se font écho, inséparablement, pour que le bien triomphe. » L’humanité publié le 27 Février 2002, n’accuse en aucun cas l’affiche du film mais à l’inverse une attaque offensante de la part des religieux sur la liberté d’expression. Ces journaux remettent en cause la polémique, « Oubliez l’affiche {…} Et pour pouvoir au moins en parler en toute connaissance de cause, allez voir le film. Il est bien plus nuancé sur un sujet dont il est étonnant qu’après tant de conclusions d’historiens {…} il suscite encore autant de protestations indignées. » p.1 L’humanité. « Pour Georges Kiejman {…} ce visuel ne vise pas la provocation gratuite mais cerne précisément la question centrale du film : l’assourdissant silence de Pie XIII » p.1 Libération.


 

LA RELIGIEUSE

 

La religieuse de Rivette sorti en 1964, c’est une adaptation de la religieuse de Diderot, ça raconte l’histoire de Suzanne envoyée au couvant contre son gré où elle subira la cruauté d’une Mère sadique. Cependant, des associations se sont opposés farouchement à l’oeuvre avant même qu’elle soit réalisée. Puis, le secrétaire d’Etat à l’information a interdit l’oeuvre en France et à l’exportation. La presse reprend l’affaire et on voit apparaître des gros titres comme «  Une grave atteinte à la liberté d’expression » de Libération sortie le 8 Avril 1966, « Libérons La religieuse » de Les lettres Française sortie le 7 Avril 1966. Ces journaux de gauche dénonce l’attaque des communautés religieuses qui veulent faire interdire un film avant même qu’il sorte. « Je tiens à affirmer qu’il n’y a pas de vraie démocratie sans une véritable liberté d’expression » Calude Autant-Lara, « Maintenant il faut être réaliste : la censure existe » Yves Ciampi, témoignages p.1 dans L’humanité. « L’interdiction de « La Religieuse » est une mesure d’une exceptionnelle gravité » par Pierre Daix dans Les lettres Françaises.

 

Cependant, des journaux tels que La Croix diffuse les termes du ministre justificatif de l’interdiction, «  cette décision est motivée par le fait que ce film est de nature {…} à heurter gravement les sentiments et les consciences d’une très large partie de la population. » La Croix publié le 3 avril 1966. Le Figaro quant à lui, aborde en gros titre «  Le film d’après « La religieuse » interdit par le ministre. Une mesure maladroite »Le Figaro publié le 3 avril 1966 et diffuse le témoignage du N.D.L.R « Le public adulte n’est-il pas aussi bon juge que les pouvoirs publics sur le point de savoir si tel film vaut ou non d’être vu s’il mérite approbation ou blâme ? »Le Figaro.

 

 


LA DERNIÈRE TENTATION DU CHRIST

Le film de Scorsese «  La dernière Tentation du Christ » sorti en 1988, raconte la vie intime de Jésus vivant une vie d’homme simple et succombant au « péché » de chair avec Marie-Madelaine. À sa sortie, le film à engendrer un mouvement de protestation de catholiques français jugeant le film de scandaleux. Et dans la nuit du 22 au 23 octobre 1988, un groupe intégriste catholique ont déposé un engin incendiaire dans une salle de cinéma projetant le film de Scorsese, l’attentat a fait 14 blessés. Du côté de la foi des religieux, le journal La Croix lors de la sortie du film à publié en gros titre «  Méfions-nous des psychanalystes. Pour le Théologien Robert Scholtus un film sur les fantasmes sexuels de Jésus nous renseigne plutôt sur ceux de l’auteur » La Croix, 18 août 1988, il traite le sujet du film « dangereux » et de « pure invention » , « ce genre d’approche du Christ est particulièrement dangereux car il ne repose sur aucune donnée scripturaire » d’après Robert Scholtus, La Croix. Il désigne le film comme une oeuvre raté et offensante « Scorsese a sans doute voulu décrire un Jésus homme. Mais en lui retirant toute sa dimension divine et toute sa dimension divine et tout compassion humaine. Il est passé à côté de son sujet. Il choquera inutilement  de nombreux chrétiens. » de Sophie Marin, La Croix du 24 août 1988.

 

De l’autre côté, des journaux tels que L’Humanité et Libération dénonce la violence des communauté religieuses face au film, nécessitant pas à comparer les communautés  religieuses au régime nazi « Qui racontera jamais le long calvaire à travers les siècles, des livres emportés par le feu des bûchers, des toiles saccagées réduites à l’état de chiffons, des films voués à la nuit éternelle de leur boîtes {…} Celui qui entreprendra la confection de ce gigantesque et douloureux répertoire aura à inscrire le film de Martin Scorsese « la dernière Tentation du Christ » sur ses tristes tablettes. Au coeur de Paris, l’incendie d’un cinéma a ponctué la victoire des soldats de la nuit de la censure cette «  Gestapo de l’esprit » selon Jean-Luc Godard, Humanité, 25 octobre 1988. Le journal Libération aborde en gros titre « La censure par la peur », pour renvoyer à l’attentat dans une salle de cinéma et cite de celle-ci « d’intolérable » et « d’attaque à la démocratie », « Comment ne pas établir un lien entre ces appels à l’intolérance formulés sans vergogne sur la place publique, les attentats commis contre le magazines Globe hier et aujourd’hui dans les salles de cinéma, les campagnes de calomnie et de désinformation qui visent autant les phénomènes religieux que les valeurs de la démocratie ? » Par Jérôme Clément, Libération, 12 octobre 1988.



 

GRÂCE À DIEU

 

Grâce à Dieu  est le film de François Ozon sortie en 2018, inspirée de l’affaire Bernard Preynat, il raconte le combat judiciaire des victimes des abus sexuels sur mineurs de l’Eglise. Et notamment la difficulté de la part de l’Eglise à agir et prendre sa responsabilité. Ce film a été récemment  récompensé au César 2020. 

 

La principale cause polémique du film est que sa sortie a longtemps demandé a être repoussé car celui-ci été annoncé à l’écran dans les mêmes période du procès du prêtre Bernant Preynat, de peur que le film altère le jugement et la décision de la justice. « L’avocat du père Bernard Preynat, un prêtre du diocèse de Lyon qui devrait être jugé en 2019 pour des agressions pédophiles, souhaite que la sortie d’un film de François Ozon inspiré de l’affaire, prévue en février, soit reportée après le procès. »  de Marie Malzac, La Croix publié le 14 février 2018. Le Figaro, des mois avant la publication de la croix qui libère le ressenti de l’accusé, montrait que François Ozon avait tourné son film dans le plus grand des secrets « François Ozon a tourné en secret Grâce à Dieu, film sur la pédophilie dans l’Eglise » Le Figaro publié le 4 octobre 2018, sous entendu afin de montrer un témoignage des victimes au grand public. 


 

«  Le père Prenant aurait plus de 70 victimes » Ouest France publié le 4 octobre 2018, est un des grands titres de leur articles, placé en dessous des raisons de pourquoi l’avocat veut décaler la sortie du film jusqu’après le procès du prêtre, le journal rappelle le nombre de ces crimes en soutien avec François Ozon est cite « François Ozon préfère dire qu’il pose beaucoup de questions en abordant le silence de l’Église sur la pédophilie et en suivant le combat des victimes qu’il a rencontrées avec leur entourage, avec leurs points de vue différents sur l’affaire ». Au final, la sortie du film ne sera pas décalé. 

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